Sommeil partagé : connaissances et pratiques des parents (2018)

Sommeil partagé : Enquête sur les connaissances et pratiques des parents de Pays de la Loire (Laure DEMOULIN) (2018)

Résumé

Les éléments de ce résumé sont directement tirés du mémoire de L. Demoulin (accessible via le lien en bas de cette page).

Contexte

<< […] Le chiffre [du nombre de décès attribués à la MIN (Mort inattendue du nourrisson)] varie peu depuis le début des années 2000 : on compte environ 400 cas par an en France. Plusieurs facteurs de risques que l’on peut diviser en deux catégories sont identifiés : les facteurs non évitables (par exemple : le sexe) et les facteurs évitables (par exemple : la position de couchage).

Si pour la majorité des facteurs de risques évitables les études scientifiques arrivent à conclure sur la mise en place de stratégies permettant de les écarter (par exemple : dormir en décubitus dorsal), le partage de lit entre l’enfant et ses parents fait exception. Ces conclusions […] divergent notamment sur le fait que cette pratique représenterait ou non un facteuraugmentant le risque de MIN. En revanche, le partage de lit entre un nouveau-né et
ses parents, est un facteur de risque de MIN s’il est pratiqué en association à des circonstances dangereuses (par exemple : si les parents fument) et ceci fait consensus. D’un autre côté, le partage du lit a également été désigné comme un facteur favorisant l’allaitement maternel dont il augmente la durée dans le temps.

[…] C’est donc dans ce contexte ambivalent que certains professionnels de santé plus sensibles à la promotion de ce mode d’alimentation aux multiples bénéfices pour la mère et pour l’enfant, font pencher la balance bénéfice-risque en faveur des bénéfices apportés par le partage du lit parental et tolèrent sa pratique, sous réserve néanmoins de respecter certaines règles de sécurité. […]. L’ensemble de ces problématiques a été abordé dans le mémoire d’Ophélie Légeron intitulé “Sommeil partagé : enquête de pratiques sur les conseils délivrés par les professionnels de la périnatalité des Pays de la Loire.” […].

C’est donc dans la continuité de ses recherches que nous nous sommes demandé si cette hétérogénéité des messages transmis aux parents a un impact sur leurs connaissances et leurs pratiques dans ce domaine. Nous nous sommes également interrogés sur l’existence éventuelle de facteurs facilitants ou freinants les parents à respecter les recommandations sur le couchage des nouveau-nés. >>

Objectif(s)

<< Les objectifs principaux de notre étude sont d’apprécier dans ce contexte l’inhomogénéité des conseils prodigués par les professionnels :

  • Quelles sont les connaissances et les pratiques des parents par rapport au sommeil partagé et à la mort inattendue du nourrisson.
  • Si ces connaissances et pratiques représentent un risque de MIN.
  • S’il existe des freins et/ou des facteurs facilitant l’application des recommandations de couchage par les parents.

Ceci dans un but d’amélioration des pratiques professionnelles, avec l’intention d’éclairer les soignants sur les attentes et les besoins des parents en conseil de couchage pour leur enfant. Avec comme objectif secondaire d’ouvrir la discussion sur la recherche d’un compromis permettant de concilier la prévention de la MIN et la promotion de l’allaitement maternel. >>

Méthode

<< Il s’agit d’une étude épidémiologique descriptive parmi les parents ayant séjourné à la maternité du CHU de Nantes, de la Clinique Jules Verne à Nantes ou de la cité sanitaire de Saint-Nazaire. Les parents inclus à notre enquête ont donné naissance à leur enfant dans les maternités du CHU de Nantes, de la clinique Jules Verne à Nantes et de la cité sanitaire de Saint-Nazaire. Nous avons exclu : les parents non francophones, les parents de jumeaux et plus, les parents mineurs. >>

Des analyses statistiques descriptives et comparatives ont été réalisées.

Résultats

Au total, 183 réponses ont été reçues sur 501 questionnaires envoyés, soit un taux de réponse de 37%.

<< […] Si les parents déclarent en grande majorité (plus de 92%) avoir déjà entendu parler de la MIN et des différents modes de sommeil partagé, leurs connaissances en détail de ces sujets s’avèrent insuffisantes. Le niveau de risque de MIN qu’ils attribuent aux différentes situations dans lesquelles ils partagent le sommeil de leur bébé ne reflète pas les données de la littérature : si la surestimation du risque attribué au couchage du nouveau-né dans son berceau dans la chambre de ses parents ne concerne que 7% de notre échantillon, les pratiques du canapé partagé et fauteuil partagé sont largement sous-estimées par environ un parent sur cinq. Les recommandations sur ces deux pratiques faisant pourtant consensus.

[…] De plus, la connaissance des parents d’un sujet ne préfigure pas l’utilisation qu’ils vont en avoir. Coucher son nouveau-né dans un berceau dans la chambre parentale est un mode de sommeil partagé connu par 99% des parents ayant répondu à notre enquête, c’est le mode de couchage jugé comme le moins à risque de MIN parmi toutes les options de couchage étudiées. Pourtant, seulement 48% des enfants de notre échantillon sont couchés dans cette configuration. La mise en relief de ces données grâce aux croisements avec l’âge des nouveau-nés au moment du questionnaire a permis de montrer que cette recommandation est surtout difficile à maintenir en application dans la durée […]. En ce qui concerne le partage du lit, point central des divergences dans les discours des uns et des autres, il est important de prendre conscience que son usage est loin d’être anecdotique : nous relevons que 18% des parents partageant le sommeil de leur enfant de manière habituelle en dormant dans la même chambre, choisissent leur lit de manière fréquente comme surface pour coucher leur bébé. >>

Conclusion

<< Le lit partagé ne peut être présenté comme une pratique exempte de tout risque de MIN, cependant il doit être évoqué par les professionnels avec tous les parents pour plusieurs raisons : premièrement car la fatigue touche tous les parents sans exception, nul n’est donc à l’abris de s’endormir avec son bébé dans les bras ou dans son lit, à l’occasion d’un câlin ou d’une tétée notamment. C’est donc aussi l’occasion d’aborder le risque de MIN lié au sommeil partagé sur un fauteuil ou dans un canapé, pratiques qui elles, doivent être à tout prix évitées. Surtout si elle survient lorsque les parents tentent d’éviter de s’endormir avec leur bébé dans leur lit. Ensuite, cette conversation avec les parents permettrait de leur communiquer les consignes de sécurité à appliquer et les contre-indications de cette pratique à respecter s’ils estiment qu’il y a un risque qu’ils s’endorment avec leur bébé dans leur lit, ou s’ils décident délibérément malgré tout de pratiquer le lit partagé, ceci afin de minimiser au maximum les risques encourus.

De plus, ouvrir la discussion avec les parents sur le sujet du lit partagé permettrait à certains parents éprouvant de la culpabilité, ou n’ayant pas pris conscience du risque représenté par cette pratique, d’établir un dialogue honnête basé sur une relation de confiance mutuelle avec le ou les professionnels de santé. Reconnaître qu’il peut être parfois difficile d’appliquer les recommandations, de manière générale, n’est pas synonyme de validation de la prise de risque, mais au contraire, témoigne de l’empathie dont nous sommes capables, permettant ainsi d’être à l’écoute des problèmes auxquels font face les parents et de chercher avec eux des alternatives ou des solutions adaptées à leur situation.

En réponse à nos conclusions sur cette enquête, voici quelques pistes d’amélioration de nos pratiques pour une meilleure prévention de la MIN :

  • Mise en place d’une nomenclature commune […] ;
  • Poursuivre la recherche […] ;
  • Miser sur le side-bed […] ;
  • Une nouvelle campagne de prévention […] ;
  • Former les professionnels sur le sommeil partagé […] >>

Liens et documents

Mémoire de sage-femme : Demoulin L. 2021. Sommeil partagé : Enquête sur les connaissances et pratiques des parents de trois maternités des Pays de la Loire. Lien vers les archives de la bibliothèque universitaire de Nantes.

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